Ami lecteur, toi qui crois que je suis une sorte de super héros capable de digérer les problèmes les plus graves avec le sourire et supporter tout ce que la vie nous tend comme croche-pattes, sache que tu te trompes grave.
J’ai une faille. Une petite faiblesse structurelle. Un talon d’Achille dans mon corps d’airain, un léger défaut dans la cuirasse : je ne supporte pas les Relous. Les Relous, ce sont ces gens qui gâchent nos vies juste en vivant la leur. Ils ne sont pas foncièrement mauvais (quoique), ni même mal intentionnés (quoique), mais ils ont le chic pour nous gêner pile-poil là où ça faiche.
Vous ne voyez pas, là, comme ça ? Prenons quelques exemples concrets et éclairants.
Aaaaah un voyage professionnel, en TGV ET en première classe. Tranquille pendant des heures dans ce cocon de luxe, de calme et de volupté à 256€ (l’aller simple), avec journaux préférés, sandwich pré-acheté, belle lumière pour panorama magnifique sur la Loire, playlist au top, batterie d’Iphone remplie. Je marche sur le quai avec un demi-sourire de bonheur béat en pensant à toutes ces bonnes choses qui m’attendent. Je monte, je cherche ma place. Ah c’est là.
Et là, juste à côté, bingo, vous l’avez reconnu, le Relou-qui-pue. Le voisin de train qui sent des pieds ou des bras ou pire. Le pré-clochard, celui qui s’en fout de se doucher tous les jours et qui a remis ses habits de la veille. Adieu playlist, adieu siège rembourré, adieu cocon douillet je suis bonne pour 4h de strapontin dans le couloir. Car le Relou-qui-pue va toujours au terminus.
Mais le Relou peut aussi être une femme. La femme qui te pousse avec ses seins ou avec son sac dans la file d’attente. Plus on fait la queue pour un truc chic (vente de presse, vernissage) plus y’en a, des ces Reloues-là. POURQUOI mais POURQUOI elle fait ça, cette pouffe ? On fait la queue, là, tranquilles, et elle te colle. Elle te touche. Et elle ne fait pas exprès, en plus. Elle a un gros sac, ou deux, elle regarde ailleurs et pof elle te bugne les fesses pour la quatrième fois en 10 minutes. Moi évidemment, je me retourne, je lui fais les gros yeux. Elle me dit « oh pardon » donc ELLE SAIT. Et elle recommence.
Bon, il faut la laisser passer. Et lui taper le cul avec ton sac, après.
Hommes ou femmes, les Relous-j’en-fous m’énervent beaucoup. Ce sont ces gens qui travaillent et qui parlent d’autre chose au lieu de s’occuper de toi correctement. Les caissières qui daubent sur leur chef en passant tes articles au Franprix. Les vendeurs qui retouchent un vêtement sur toi avec des épingles en rigolant très fort à la blague de leur collègue. La fille au téléphone à qui tu as un truc à demander et qui te fait attendre 4 minutes dans sa boutique avant de dire « chte laisse j’ai du monde » à sa copine au bout du fil. Les infirmières qui parlent de leurs RTT ou de leurs MST pendant qu’elles te font une ponction lombaire ou que tu accouches. Je leur collerai bien une claque si elles ne tenaient pas ma vie entre leurs mains, ces pétasses.
Ensuite on a le Relou-fou, qui te suit partout, et qui est une sorte de gros lot. Le Saint Patron des Relous. Il nous accoste dans la rue (« Vous aimez la poésie »?) et comme il est flippant, on ne sait pas s’il faut répondre oui ou non, changer de trottoir ou pas. Généralement, comme on est bien élevé(e) et prudent(e), dans le doute on répond un vague « oui, oui » et on accélère. MAIS le Relou-fou y a entendu une invitation franche et indiscutable pour nous accompagner, ô misère. Pour s’en débarrasser c’est la galère. Si vous êtes dans un bled, un dimanche (forte probabilité), remontez dans votre voiture et rentrez à Paris. Si vous êtes à Paris, entrez dans un café. Le Relou-fou ne voyage pas beaucoup, il est connu de tout le quartier et se fera virer par le serveur qui le vire tous les jours;
Vous connaissez forcément aussi le mangeur de pop-corn du cinéma, qui passe l’intégralité du film (2h40, de nos jours) à faire d’immondes bruits de bouche et de mâchouillage aux moments les plus critiques.
Souriez à la fille qui raconte sa super-vie super-fort à la table d’à côté au restaurant, tout en écoutant ce que vous, vous racontez à votre mec.
Et enfin, saluez de ma part votre ex-mari qui vous ramène votre fille le dimanche soir, sale et habillée comme l’avant-veille en disant « désolé, je n’ai pas pu la laver, elle était enrhumée ».
Toi, tu as loupé la soirée de PP en décembre…
Bise
Un vrai régal que tes descriptions de « Relous » multi-facettes …qui semblent hanter ta vie au quotidien ! Ma pauvre …
Bisettes et bon courage !