La machine de blanc

Métro

Vous, je ne sais pas, mais moi j’ai terminé l’année scolaire sur les rotules et il m’a bien fallu quelques semaines de vacances pour récupérer mes facultés mentales afin d’écrire ce billet de blog.

L’été a été riche en aventures variées, entre road trip en Albanie, rando vélo dans le Nivernais et gardiennage d’adulte handicapée (Rose a 20 ans : toutes les procédures administratives doivent désormais être faites sur son cesu, sa caf, sa mdph. Elle doit payer ses aides de vie avec son compte en banque et ses médicaments avec sa carte vitale. Autant dire que tout ceci me facilite un quotidien déjà paradisiaque).

Commençons par le début : on récupère les Toufaits (Pauline et Antonin) pour partir en vacances. Ils rentrent d’un séjour en Grèce avec leur mère et leur linge sale.

Je fais une machine (de blanc).
En sortant le linge pour l’étendre, je me rends compte qu’il y avait aussi un Tshirt rouge dans cette machine de blanc. Je suis bac+25 en linge, comment ai-je pu faire une erreur pareille ? (aucune idée).

Dans le tas de vêtements blancs devenus roses, il y a tous les vêtements préférés de Pauline qui ne les confie d’habitude à personne, les lave elle-même, les achète avec son argent et les chérit plus que les membres de sa famille. C’est le drame.

C’est surtout le drame pour moi parce qu’elle veut LES MÊMES et MAINTENANT. J’ai beau lui expliquer qu’il n’y a pas mort d’homme, quand même, ce ne sont que des crop tops et des mini jupes, je comprends assez vite que ma vie est en danger.

La génération connectée a du bon : elle retrouve ses précieuses affaires dans la boutchique en ligne de la marque, je suis sauvée. Je lui fais un virement, trop contente de m’en tirer à si bon compte. Elle pourra même porter les versions roses, je lui dis, elles sont très bien (regard noir). Elle commande, elle paye.

Je vérifie la commande par acquis de conscience de belle-daronne et c’est re-le drame : elle a demandé la livraison chez sa mère qui ne porte pas le même nom qu’elle et elle s’est aussi trompée dans le libellé de l’adresse. Les chances de recevoir le colis un jour sont proches du zéro absolu et nous partons en vacances le lendemain. La situation est critique.

On essaye d’annuler la commande. On est dimanche. On doit attendre lundi pour savoir si l’annulation a été prise en compte. En attendant, j’ouvre une blanchisserie artisanale (et désespérée) dans ma salle de bains pour tenter de ressusciter les trucs roses à grands flots d’eau de javel et de percarbonate. Pendant que ça trempe, Pauline découvre que sa marque fétiche a une boutique à Paris et qu’elle est ouverte le dimanche.

On y va. Quel autre choix avais-je pour ne pas devenir une indigne marâtre ? Après 45 minutes de métro, nous constatons que les micro-shorts et micro-débardeurs tant espérés n’y sont pas. C’est le re-drame. Je propose d’en acheter d’autres, puisqu’on est là. La proposition est acceptée avec une moue boudeuse mais enfin, elle est acceptée.

Je lui offre la moitié de la boutique après l’essayage de tous les vêtements en stock (elle a même demandé à essayer les modèles d’exposition accrochés au mur en déco, wesh, comme dirait la vendeuse). On sort et la princesse décide qu’il faut maintenant aller dans l’autre boutchique (à encore un autre bout de Paris) pour racheter les bonnes fringues, celles que nous étions venues chercher. J’explique avec calme mais fermeté qu’il ne faut pas non plus me prendre pour une quiche et on rentre.

Le temps qu’on arrive à la maison, les affaires roses qui trempaient dans le bouillon sont redevenues presque blanches. Et, comme internet dit qu’il faut laver les affaires blanchies avant de les porter, on relance une machine de blanc.

Il y avait un tshirt vert dans le tambour.

J’empoigne un couteau de cuisine pour m’ouvrir les veines quand intervient, à notre plus grande surprise, une FIN HEUREUSE ET INATTENDUE à cette histoire : Le vert a neutralisé le rose.

Dieu existe. Pauline a triplé la taille de sa garde-robe sans débourser un rond et nous avons pu partir en vacances avec des crop-tops bien blancs.

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13 réflexions sur “La machine de blanc

  1. Le cauchemar (encore un !), ma pauvre…Mais, »Ende gut, elles gut », comme disait Goethe.
    Et merci pour les dessins, excellents !
    Pascal

  2. Mon rythme cardiaque a augmenté au fil de la lecture. Et mon empathie aussi. Je préconise le décolorstop pour la paix des familles et l équilibre mental. Courage !

  3. T’es vraiment trop trop forte !! Comme belle-mère, comme blanchisseuse….mais surtout avec une plume en main !!

  4. Oui un décolorstop dans chaque machine, voire deux ou trois ..par sécurité (on ne sait jamais ), et un sachet ou 2 de ”linge accidenté” en reserve, en prévision d’un accident
    Merci Zoé pour ces éclats de rire ! Et bonne rentrée !

  5. Bravo Zoe ! Une efficacité a toute épreuve dans les tranchées de la vie domestique, une boussole infaillible dans la jungle des textiles weshs, des nerfs d’acier de contrôleuse du ciel jamais en pelote, voila une auteure qui assure !
    Au « Tshirt vert » impossible de ne pas éclater de rire ! J’ai en memoire un pull en coton rose fuschia taille M , tricoté par mes soins en points nid d’abeille ( trrrres calés) qui ressortit en bolero crop top super S après une erreur de programmation de lave lingeLes reductions de tailles sont dans doute moins faciles a neutraliser que les melanges de couleurs. Dommage

  6. Fâcheux incidents en cascade néanmoins très drôles au fil de ta plume alerte. Humour et happy end, j’adore et j’adhère à l’emploi du decolorstop à « donf » et sans modération …

  7. Bonjour Zoé
    Comme d’habitude, irrésistible !!
    A la place du colorstop ou autre invention polluante et chère, je propose de laisser faire la « Toutfaite » elle-même et
    afficher un disclaimer sur la machine :
    « c’est celle-lui qui fait qui a raison, si pas contente.t, fais le toi-même »
    Avec tous mes encouragements et pensée amicale pour Rose.
    Jeannne.Jeanne, la sœur de Marie qui me re-route MBG
    nb : les points de césure sont encore plus plus féministes

  8. Wouaahhhh…mazette…. Mais c’est une épopée en 4 volumes respect à vous, belle-maman. Je n’aurais pas pu.
    Bon j’ai un truc il m’est arrivé la même chose avec du blanc et un tissu bleu (lingette) d’un précédent lavage..
    1 Verre de bicarbonate de soude avec 1 sachet de levure chimique dans de l’eau chaude dans une bassine….
    Lavage normal après… Recommencer si besoin….
    Resultat certifié.

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