Guichetière ta mère

La carte d’identité de Rose est arrivée à expiration;

 

ça tombe plutôt bien, ses cheveux ont poussé et elle ne mesure plus 0,85m.

Pour refaire une carte d’identité à Paris, il faut prendre rendez-vous à la préfecture de police de son arrondissement. La préfecture de police du 11ème arrondissement est dans le 12ème arrondissement, bon à savoir. Je prends un RV, en pleine journée pour être tranquille, mettons un mardi à 11h.

Je lis ensuite sur le site de monsieur Gouv que l’enfant dont on refait la carte d’identité doit être présent au rendez-vous. ah. J’annule le rendez-vous de mardi 11h, donc, puisque l’enfant sera à l’école à ce moment-là et je reprends un rendez-vous pour un mercredi à 15h.

Je programme tout ceci très longtemps à l’avance car il y a des pièces justificatives à préparer : quittance de loyer, jugement de divorce (wtf ?) pièce d’identité (bien sûr) et … les photos. Aux normes.

 

Mais quand Rose pose pour une photo, ça donne plutôt ça :

On oublie direct les photomatons et on va chez un photographe professionnel.

Le photographe n’a pas vraiment réussi à faire une photo aux normes. Mais nous avons quand même obtenu UNE photo où elle a la tête droite. Elle louche beaucoup mais il n’y a rien à ce sujet dans les normes. C’est de la faute du photographe qui pensait que nous n’avions pas droit aux lunettes. Tant pis.

Arrive le jour du rendez-vous à la préfecture, et je suis à l’heure, avec ma fille, au bon endroit avec tous les papiers qu’il faut. La guichetière nous regarde d’un air soupçonneux et commence lentement à me réclamer les pièces justificatives les unes après les autres. Pas de bol pour toi, guichetière maléfique et glaciale, je les ai toutes. La demande est bien enregistrée, au revoir merci.

Je suis à peine sortie qu’on me rappelle sur mon portable en m’annonçant que mon jugement de divorce n’est pas signé. « Signé par qui ? » je demande, « par le juge » on me répond. « Ni pas la greffière d’ailleurs et il n’y a pas de tampon du tribunal non plus ». Ah bravo. Merci la justice. Et dire que depuis 2 ans personne ne s’en était jamais aperçu… et surtout pas moi. Il faut que je revienne un autre jour, avec l’original du jugement, signé.

Au lieu de dire « qu’est-ce que ça peut bien foutre que je sois divorcée ou pas, pétasse de merde ? » je réponds « d’accord, merci » et je reviens une semaine après, sans Rose, sans rendez-vous et avec le jugement signé que mon avocate m’a envoyé en copie certifiée conforme à l’original et en quatrième vitesse je peux te dire.

Comme je n’ai pas rendez-vous, j’attends que la guichetière maléfique et glaciale ait un créneau à me consacrer. Pendant ce temps-là, j’observe la guichetière revêche et moche de l’accueil.

Elle a l’air mal lunée. Un mec qui a rendez-vous arrive.

Sur 15 personnes que j’ai vu défiler en 15 minutes, pas UNE SEULE n’avait ni lu le panneau géant, ni pris un ticket. La fille, derrière son guichet, doit répéter cette phrase TOUTE la journée, car sans le ticket elle n’a pas accès aux dossiers des gens.

Tous les boulets étaient soit en retard (= rendez-vous fichu, tout à recommencer) soit pas au bon endroit, soit pas équipés des bonnes pièces à conviction (comme moi).

Accueillir du public, c’est un peu être éducateur spécialisé, la vocation et le salaire en moins.