Tout le monde a lu Eugénie Grandet. De gré ou de force.
Je l’ai lu au collège et je n’en ai gardé, comme souvenir, que l’image de couverture.
Je crois qu’il existe un âge en-dessous duquel nous n’avons pas la maturité pour apprécier les grands auteurs. J’ai donc relu ce chef d’œuvre récemment et j’ai (enfin) adoré. C’est cette deuxième lecture qui m’a incitée à partager l’histoire à l’aîné des Toufaits pour tester ses réactions.
NB : c’est une version très très abrégée et simplifiée pour rentrer dans les 10 minutes d’attention qui m’ont été allouées. Lisez le roman plutôt que mon blog, en vrai.
Eugénie Grandet est une jeune fille de 22 ans qui vit à Saumur chez ses parents.
Le père d’Eugénie est très riche mais très radin. Il vit avec sa femme et sa fille dans une maison sombre et froide. La bonne n’a le droit d’allumer le feu que dans la pièce principale et Grandet lui donne tous les jours le montant exact des courses à faire au marché.
Un jour, un jeune homme arrive chez les Grandet par la diligence de Paris. Il s’appelle Charles, c’est le cousin d’Eugénie, fils du frère de monsieur Grandet. Charles a été gâté toute son enfance, il est très parisien, très chic, très à la mode. Habitué au luxe, il est surpris par la maison, les meubles et les vêtements de la famille Grandet de Saumur.
Le père de Charles l’a envoyé porter une lettre à son frère où il lui annonce sa faillite. La lettre annonce aussi son suicide, dès que son fils aura quitté Paris. Charles apprend ces deux mauvaises nouvelles par son oncle et s’écroule, terrassé de chagrin.
Eugénie, qui est tombée amoureuse de lui, le console et prend soin de lui. Elle est gentille, douce, Charles est en grande détresse, il est attendri et tombe amoureux aussi. Ils se jurent un amour éternel juste avant que Charles, déshonoré par les dettes de son père, parte essayer de faire fortune aux Indes.
(Monsieur Grandet aurait pu payer les créanciers de son frère et permettre le mariage des deux amoureux mais il est beaucoup trop radin et personne ne sait qu’il a autant d’argent. Il laisse partir Charles.)
Eugénie l’attend 7 ans sans recevoir la moindre lettre de lui. Madame Grandet meurt quasiment de froid, de faim et de peur dans sa propre maison, terrorisée par monsieur Grandet, qui meurt à son tour. Eugénie devient riche et attend toujours Charles.
Pendant ce temps-là, Charles se débrouille bien et s’enrichit aux Indes. « Sa pacotille s’était très bien vendue mais il s’aperçut que le meilleur moyen d’arriver à la fortune était d’acheter et de vendre des hommes. Il vendit des chinois, des nègres, des nids d’hirondelles, des enfants, des artistes. Il fit l’usure en grand. L’habitude de frauder les droits de douane le rendit moins scrupuleux sur les droits de l’homme. »
« Il attribua ses premiers succès aux prières d’Eugénie mais plus tard, les négresses, les mulatresses, les blanches, les javanaises, les orgies de toutes les couleurs qu’il eut en différents pays effacèrent complètement le souvenir de la cousine de Saumur »
Sur le bateau du retour, il rencontre une héritière riche et moche, qu’il courtise parce qu’elle est noble et pourrait l’introduire dans la jet-set parisienne.
Il écrit à Eugénie pour lui annoncer son mariage (la lettre vaut son pesant de caca, lisez-la). Eugénie est désespérée. C’est alors que le père de la jeune noble moche apprend que le père de Charles est mort en faillite : il déclare à Charles qu’il n’épousera sa fille qu’après avoir remboursé les dettes de son père.
Charles n’a pas l’argent nécessaire (2 millions, tout de même). Eugénie paye les dettes du père de Charles en intégralité, avec les intérêts.
Charles, très surpris d’apprendre que sa cousine est richissime, épouse néanmoins la moche qui lui donne de meilleures espérances sociales.
Eugénie reste seule avec sa bonne à Saumur, dans sa maison froide et sombre. Elle n’allume le feu que dans la pièce principale et donne toute sa fortune aux bonnes œuvres.
Charmant Toufait ! Il comprend tout.
Donc Eugénie voulait épouser son cousin germain … hum ! çà n’a pas provoqué une réaction chez les Toufaits ? MERCI pour ce récit, vivant et précis, rv dans 10 ans quand vous aurez éclusé toute la littérature française … je m’en réjouis d’avance et vais sans doute, à mon tour lire Eugénie Grandet 😉
non, très étonnant, il n’a pas moufté.
Essaie avec les 3 Mousquetaires, pour voir ?
Et préviens ton Toufait que maintenant, quand on est fauché, il y a les restos du coeur, ça peut servir, non ?
Bonjour Zoé ! effectivement je l’ai « étudié » en cinquième.. j’ai trouvé ça plutot rasoir mais je m’en souviens : je crois que je vais le relire pour voir. A vrai dire les seuls auteurs qui aient trouvé grace à mes yeux à l’époque c’étaient Dumas pour les trois mousquetaires que j’ai adoré et Maupassant un peu plus tard, les nouvelles uniquement. Puis suite à des études histoire latin ou j’ai lu par obligation beaucoup d’ouvrages « sérieux » je suis passée aux livres distrayants : science fiction , épouvante, policiers.. tendance qui s’est accentuée depuis la naissance d’Elisabeth : j’ai tous les Stephen King qui est de toutes façons un écrivain formidable !
Bravo pour le résumé J’adore.
On va tous se (re )précipiter sur Eugénie Grandet. Les libraires ne vont pas comprendre
Bonjour Zoé,
Super, j’ai lu d’une traite, pas besoin de lire le livre (que j’ai lu et vu le film à la télé)… très très triste, put**** de dépendance affective. Elle aurait du se payer une coach et faire du développement personnel avec sa tune, mais voila son éducation de bourgeoise à ruinée sa vie, à cause des parents… Le père ignoble encore un mal aimé.
et les commentaires hiiiiii, je pense la même
Brèf je me me lasse pas. J’attends la suite ;-)))
Je lis le père Goriot, c’est du lourd.
Chouette je ne l’avais jamais lu …je me coucherai moins bête.
J’adore aussi le commentaire de texte …je vais donner tout ça à Claire pour sa prochaine rédaction.
Merci Zoé, bravo
Encore bravo pour ce digest ! On attend Dostoievski et Proust…
J’ai adoré ce livre étant petite, j’en connaissais des passages entiers. (j’avais en revanche détesté le lys dans la vallée, relu récemment, pas mal finalement). Je viens de relire la lettre de Charles, ben pas merci. J’ai envie de sortir un sécateur et d’aller couper des c****es maintenant ! Mais bon, après j’ai aussi relu la lettre d’Eugénie. Je m’en souvenais comme d’une malheureuse résignée, en fait oui elle est malheureuse mais elle lui pisse à la tronche avec une classe incroyable.
J’ai toujours pensé que la littérature, c’était avoir des choses à dire même aux gens qui connaissaient déjà l’histoire… La preuve ! Je vais relire rue des boulets, tiens.
Tout à fait d’accord :-)) La mauvaise foi de Charles qui termine son torchon en sifflotant m’est restée en travers de la gorge mais l’attitude d’Eugénie est évidemment un modèle de classe absolue. Merci Emmeline.