Déjà, rien que le titre, ça fout les boules : « Noël » et « 2020 »
Noël 2019 avait été une répétition générale de la pandémie (sans les gestes barrière). Noël 2018 avait failli tourner au fait divers familial entre ma fille qui ne dort jamais, mes Toufaits addict aux écrans et mes parents qui organisent des Olympiades. Des coups de semonce assez précoccupants m’ont, en novembre, annoncé la couleur pour ce grand cru potentiellement exceptionnel. Il fallait que je réagisse.
Grâce à une campagne de chantage au suicide assez efficace, j’ai donc subtilement préparé tout le monde à cette cohabitation d’une semaine : les Toufaits se sont engagés à se lever, s’habiller et descendre mettre la table tous les matins avant 13h, mes parents se sont engagés à ne pas faire de bridge sur leur tablette entre 14h et 17h, Rose ne s’est engagée à rien du tout mais je crois qu’elle a compris qu’il fallait qu’elle dorme la nuit sous peine d’être abandonnée dans un orphelinat.
La troupe était au presque au complet : mes 4 enfants, mes 2 neveux, les 2 enfants de mes amis (les mêmes qu’en 2018) et les 4 cousins des deux maisons voisines, tout le hameau formant une sorte de kolkhoze familial multi générationnel. Il ne manquait que ma sœur, son mari et leurs deux filles, restés en Finlande mais branchés H24 avec nous sur WhatsApp. La grosse différence avec 2018, c’est que les enfants ont 2 ans de plus et qu’ils nous dépassent d’une tête. Donc, quand ton gosse de 1m85 ne veut pas aller se coucher, hé bien il ne va pas se coucher. Même si sa (belle)mère – main de velours dans gant de marmelade – lui en intime l’ordre.
Et pourtant, miracle, tout s’est bien passé. Aucun rhume, aucune gastro : les enfants sont devenus de vrais soldats de l’hygiène, ils ont les mains qui saignent à force de se les laver. Eux qui oubliaient de vieux kleenex dans leurs poches et se mouchaient dans leurs draps exigent maintenant un torchon propre par jour dans la cuisine et une serviette de bain strictement personnelle.
Ils se sont aussi mis d’accord pour ne pas nous surcharger de corvées de linge superflues, ces petits choux. Ils ont porté le même jogging raide de boue et de crasse pendant tout le séjour.
Et, comme ils descendaient de leurs chambres déjà vêtus de leur manteau, prêts pour la promenade, on n’a vu que le dernier jour qu’ils portaient leur haut de pyjama 24h/24. Trop mignons. Ils ont joué sagement au Yam’s avant de faire preuve de créativité en utilisant les gobelets et les dés pour entamer un bonneteau à 50€ la partie jusqu’à ce qu’ils perdent tous les dés dans une bagarre générale.
Mes parents vieillissent un peu, les pauvres, ils ont maintenant besoin de faire la sieste après le déjeuner, c’est bien compréhensible. Enfin, c’était la version officielle jusqu’à ce qu’un enfant-espion vienne nous raconter qu’ils faisaient de la tablette en cachette dans leur chambre, bravant le shabbat familial imposé et consenti – croyait-on –
Quant à Rose, délicieuse enfant, elle a dormi 12 heures par nuit, d’une traite, d’un sommeil de plomb. Moi qui n’ai pas fait de nuit complète depuis 2004, je me suis soudain trouvée très désœuvrée de 4h à 8h, ne sachant vraiment pas quoi faire, sous ma couette, dans le noir sans trop bouger pour ne pas réveiller l’homme, hésitant presque à aller me faire un café dans le salon glacial et obscur comme au bon vieux temps. Elle a aussi adoré nos grandes balades quotidiennes de 10 kilomètres en pleine nature (20 pour moi car elle balance toujours discrètement son doudou dans les fourrés à mi-parcours pour me faire une petite chasse au trésor, c’est adorable).
Nous avons réussi à maîtriser nos petits agacements, même quand mon père s’est assis sur la bûche qu’un enfant (qui avait absolument tenu à la porter) avait momentanément posée sur une chaise pour enlever son manteau en rentrant des courses. Même quand Rose a joué avec la crotte du chien des voisins. Même quand on a découvert que le fromage était moisi. Même quand mon oncle a reparlé des partages de la succession de mes grand-parents. Et nous avons même réussi à rester zen quand nous avons découvert que le sac qui contenait tous les cadeaux était resté à Paris. Crotte de bite ! a dit l’un des gosses qui s’est pris une bonne mandale en retour.
Il y a des limites, quand même.
Et Zoé ! Tout n’est pas vrai pour tes parents !
Signé : ton père.
Chut.
Ca y est : Pascal Baerd m’a converti.
Grosss beezzss masquées à toute la famille élargie.
Christian
Hello Christian ! 🙂
oh j’ai loupé tout ça… merci d’avoir partagé un peu sur whatsapp
Merci pour ce post qui, une fois de plus, m’a bien fait marrer et bravo !
belle année 2021
Très drôle comme toujours ! Et moins grinçant que certains chapitres … la trêve de noël, sans doute !
Bravo et surtout ne perds pas ton esprit finement observateur et ta belle énergie ! « et surtout la santé » !!
Une mandale pour avoir dit « Crotte de bite »…. c’est pas cool ! Pov’ gosse, il fait exploser de rire tout le monde et en retour il s’attrape une torgnole . « Les jeunes générations, vous êtes pas si cool que ça ! » parole de septuagénaire qui a vécu un Noël à double déflagration et où à mon âge avancé, j’aurais pu casser ma pipe!
Excellent Hahahaha
…un Noël avec covid, un peu !?! Moins pittoresque, avec des parents qui vieillissent……oueh, oueh, je vois de quoi tu parles ! Nous aussi le Noël fut plus pépère, moins festif, plus frugal..un Noël macronien, en somme !!
Joyeux Noël, Zoé!
On ne va pas se mentir… Tout le monde est au garde à vous car tout le monde flippe de se retrouver dans ton prochain bouquin. Bravo ma Zou. 😉
hé hé
Tellement vivante ta description !!! J’ai bien ri … comme toujours ! Joyeuse année, si possible, et à bientôt. Bisettes
C’est l’effet pandémique…. On se cache sous l’aisselle et on attend que ça se passe…
Pourvu que 2021 ne nous fasse pas chier !!! Meilleurs voeux, Zoé
Et bananes-et
Manifestement, ça s’est carrément mieux passé à Noël cette fois-ci que l’an dernier …
Je ne soupçonnais pas l’addiction de tes parents pour les loisirs électroniques, mais pourquoi pas !
Et merci pour tes toujours super dessins.
Bises .
Pascal