Vous connaissez ma passion pour les relous. Vous savez que j’ai des clients fous et des clients nuls. Et voilà que la synthèse parfaite entre tous ces délicieux personnages a été réalisée juste avant mes (5 semaines de) vacances par le client relou.
Etape 1 – Le devis et le brief
Le client relou, pour se mettre en jambe, commence par une petite négo de marchand de tapis qui dure deux bonnes semaines. Il réclame un essai gratuit et demande des modifs gratuites sur l’essai gratuit. Voudrait ensuite savoir si je sais dessiner comme Arthur de Pins. Finalement, on tope pour une commande de 10 personnages et quand je reçois la liste, y’en a 11. Et, ah, désolé, il n’avait pas compris qu’on parlait en hors taxe. Est-ce que je peux lui faire le TTC au prix du HT ?
Etape 2 – Pendant la mission
Le client relou n’a pas rédigé de brief ; il te balance en vrac ses power point merdiques et ses captures d’écran en basse définition accompagnées de post-it hyper utiles genre « un peu comme ça mais plus waouh » ou « si vous arriviez à faire pareil ça serait top ». Il compte sur ton boulot (et toutes les versions successives) pour savoir ce qu’il veut. De la V1 à la V5, on « tourne autour » de la V6 à la V10 « on s’approche » et la V11-def-def-def-OK est PRESQUE la bonne. Il précise qu’il me laisse totalement libre sur la créa, mais finit par me dicter exactement ce qu’il a en tête depuis la V11 (et c’est moche) : plus petit, plus gros, plus chauve, plus de profil, plus sympa, et si on lui mettait une robe plutôt, je peux voir ce que ça donnerait en bleu, en rouge, en vert ? On finit par se mettre d’accord et là il m’achève d’un je l’ai montré à ma femme, elle n’aime pas.
Etape 3 – Fin de mission
Nous avons signé un contrat qu’il ne respecte pas du tout. Je ne suis pas payée selon le tarif convenu (tout bien réfléchi c’était trop cher) et pas à 30 jours, ni 60, ni 90 car le chèque s’est perdu, le comptable est malade, le chef de projet a piscine et j’en passe. Je l’entends presque penser : Comment voulez-vous que je fasse de la tréso si on doit vous payer à chaque fois que vous bossez pour moi ? C’était d’ailleurs une compète au tarif gagné/perdu : s’il gagne l’appel d’offres auquel il participe avec mes illustrations, je suis mieux payée que s’il la perd. Mais moi je bosse pareil et le client relou ne rappelle jamais pour dire qu’il a gagné. Une fois les illustrations envoyées, c’est le silence radio. Est-ce une validation ? A t-il bien reçu les fichiers ? Est-il décédé ? Mon agent le saura peut-être en le harcelant de coups de fil pendant une semaine. Ou alors je vois passer le boulot sur le web, fait par quelqu’un d’autre.
Si vous êtes créa, allez faire un tour sur cette excellente page Facebook sobrement intitulée les clients, qui contient à elle seule un florilège de cas pratiques assez rigolos dont je vous recommande la lecture. Je vous indique également la version tragique du même sujet, à lire sur la page de la fête du travail gratuit.
Bisous, clients relous et pas relous, et merci quand même de m’avoir fait bosser. Je vous attends à nouveau de pied ferme, batteries rechargées. Mention spéciale à une cliente qui un jour m’a dit : j’arrête de vous demander des modifs sinon je vais me retrouver dans votre blog.
Bonne rentrée !
Excellent ! Excellent ! J’ai les mêmes !
Bises, belle et talentueuse Zoé
Comme d’hab je rigole tout seul en te lisant et en regardant tes illustrations !
Mention spéciale pour ta péripatéticienne 🙂
Toujours excellent et sympa le petit clin d’oeil à Arthur ! Bisettes
Ma pauvre Zoé … heureusement que tu as un moral d’acier, une patience de fer, et une abnégation à toute épreuve, développés et entretenus malheureusement par ces relous. C’est le drame de ce métier de graphiste, où ils n’y connaissent rien, pensent tout savoir, en cherchant ce qu’ils veulent ! Toujours un plaisir de te lire et d’apprécier ton trait illustré et humoristique. Bizous
PS : j’espère que les vacances furent bonnes ☺️ !
J’aime, j’aime, j’aime…. et après une longue introspection, je suis obligé de me classer dans la catégorie « clients relous » merci Zoé ! bises yann
Au poil !
Quelle « régalade »! C’est parfait pour démarrer la rentrée, merci Zoé ;-D
Si tu veux que le client te respecte,tu l’emmène sur une planche de plongeoir dans une grande piscine.Tu le fais aller au bout (en lui disant que c’est pour l’inspiration de l’imagerie que tu vas créer).Quand il est au bout de la planche tu lui confirme que tu dois être payé sous 30 jours et tu enregistres sa réponse sur ton téléphone.Puis tu annonces que s’il dit « OUI » tu le laisse revenir à toi.S’il dit non tu sautes deux fois sur la planche!! le client tombe à l’eau et tu as perdu un client mais pas d’argent!!!biz Manou dit rastignac dit Cyrano aux initiales EC
On s’y croirait ! Merci Zoé pour ce portrait si ressemblant.
Ton billet a eu un succès fou parmi nous tous à la forge !
On se sent moins seul dans cet enfer.
C’est tellement et finement juste. 40 ans de graphisme free lance, aujourd’hui à la retraite… mais je vois que rien n’a changé ! pire ? Bon courage les jeunes
Si on commençait à arrêter les tests gratuits et autres compétitions non rémunérées le métier ne s’en porterait pas plus mal aussi… Je dis ça je dis rien.
C’est clair. Je n’en fais plus depuis longtemps 🙂 cet article est un florilège des incidents rencontrés depuis 15 ans, heureusement que mes clients ne sont pas tous comme ça au quotidien.
J’aimerai JUSTE que tu me donnes ta méthode du harcèlement pendant UNE semaine….
Je traine plutôt dans les deux trois mois entre :
1/ le numéro de bon de commande,
2/ le signataire du contrat – qui change chaque saison, va savoir pourquoi -,
3/ sa disponibilité à signer le dit contrat quand il le récupère – l’adresse d’envoi est TOUJOURS différente de celle où se trouve ce p….. de signataire,
4/ Le renvoi et la réception dudit contrat (le transport par charrette du courrier permet des économies considérables),
5/ L’émission de la facture à envoyer au centre de « dématérialisation » (qui porte bien son nom….. souvent c’est le moment où ta facture disparait…..),
6/ Après moultes relances au centre de dématérialisation, au chef de produit (en vacances), à la compta fournisseurs (malade ou tout simplement sur messagerie), à la responsable de la chef de produit (agacée et complètement ignorante de ces détails sans importances), tu trouves une oreille compatissante avec la nana à l’accueil qui, parce qu’elle déjeune au RIE avec un gars de l’informatique, va peut-être pouvoir retracer ta facture (là, tu bascules dans un univers parallèle entre Kôh Lanta et Strangers Things)
7/ Bon, ça y est : ta facture est dans la bécane, tu seras donc payé à soixante jours fin de mois le 2 (et comme on est TOUJOURS le 3, tu prends un mois en plus dans tes dents – que tu n’as plu, trop occupé à ronger tes ex-ongles -)
8/ En attendant, tes Free-Lances ont acheté des poupées vaudous qu’ils ont remplis d’épingles qui piquent très forts…. Ton banquier t’a demandé de passer à l’agence pour « faire un point » (bon, ça tu t’en doutes un poil vu que ta carte bleue passe plus au Lidl)
9/ Ah, dernier petit truc : comme tu viens de passer plus de trois mois APRES le rendu du travail, tu attaques le suivant (avec les free-lances reconvertis en prêtres vaudous) que tu dois rendre pour la semaine dernière (les vacances de la chef de produit ont forcément réduit le délais de rendu).
Pfeuhhhh……. JE SUIS FATIGUE
PS : si le client auquel je pense venait à se reconnaître : je nie être moi-même, je ne suis pour rien dans ce que j’écris : JE L’ADORE……
Tes « ex-ongles » MDR .. cet article a eu beaucoup de succès je crois que nous sommes nombreux à vivre tout ça !