Je vais aujourd’hui vous parler des avantages et des inconvénients d’être travailleur indépendant. Etre salarié (ou fonctionnaire) tout le monde sait ce que c’est, on ne parle que de vous partout ! Vos révoltes, vos manifs, vos acquis, vos droits, vos troubles psychosociaux… on les connaît. Mais, nous, les oubliés du monde du travail, les persécutés de l’URSSAF, les abandonnés de la France, qui nous écoute ? Qui nous entend ? PersoooOoonne.
Bon, plus sérieusement, il y a des avantages à être freelance, et évidemment des inconvénients aussi.
D’abord, je suis mon propre patron. Et ça, c’est cool. Je suis PDG, CEO and founder (haha). Je suis aussi DAF, DC et plein d’autres acronymes rigolos qui me prouvent à moi-même ma propre importance : j’ai monté ma boite quoi. Ah, en revanche, je n’ai pas de salaire. Donc personne ne me donne de l’argent automatiquement à la fin du mois. On me donne de l’argent si j’en ai gagné. Nuance. Alors les banques n’ont pas très envie de nous prêter de l’argent, et les loueurs d’appartements n’ont pas non plus très envie de nous louer un appartement. Et ça peut poser des problèmes de logement, reconnaissons-le. Je n’ai pas non plus de Comité d’Entreprise. Je ne peux pas aller à Disneyland à moitié prix ni faire de l’accrobranche avec mes collègues, ni commander des parfums à tarif réduit. (c’est tout ce que je sais des Comités d’Entreprises, ma foi). Je n’ai pas de cantine ni de tickets restau, bien sûr. Et JE PAYE UN LOYER POUR MON BUREAU. Ça fait mal ça, hein, avouez. Chaque café me coûte le prix d’une capsule Nespresso puisque c’est moi qui les achète avec mon argent. Quant à tous ces trucs, là, les primes, les intéressements, les stocks-options, le CET, le 13ème mois (!) l’épargne salariale … je ne sais même pas ce que c’est.
Je suis mieux que travailleur indépendant, je suis ARTISTE. Et, en tant qu’artiste, j’ai des cotisations sociales obligatoires moins élevées que les autres travailleurs indépendants. Ça, c’est cool. Je les paye à la Maison des Artistes (souvenez-vous de ma théorie : quand un organisme s’appelle la Maison de Quelquechose, c’est qu’il s’adresse à un public un peu neuneu).
En échange de ces cotisations sociales réduites, je suis inscrite à la sécu. Et c’est tout. Je n’ai aucune assurance chômage. Ce qui nécessite de savoir gérer ses revenus et ses angoisses, mais on s’y fait.
Je n’ai pas d’horaires, je fais ce que je veux. Je peux aller bosser à 11h du matin si ça me chante. Et repartir du bureau à 15h. Et partir en week-end le mardi. Evidemment, si on veut gagner sa vie, ce n’est pas très conseillé. D’autre part, tes clients, tes fournisseurs et tes partenaires sont très attachés au respect des dates de LEURS vacances. Les tiennes, ils s’en foutent un peu, donc c’est TOI qui va devoir travailler pour finir le projet le 14 juillet/1er mai/ 25 décembre. Sans les ordinateurs portables, la dropbox et la 4G je ne serais pas partie depuis un bail en vacances, mais franchement, travailler pendant que tout le monde se baigne c’est super relou. Justement les vacances, j’en ai autant que je veux. Alors pourquoi je me plains, hein ? Parce que je n’ai pas de congés payés, tiens. Toutes mes vacances sont auto-financées à 100%.
Pour conclure, je dirais ce que tout le monde sait déjà : être indépendant, c’est un vrai choix. Le mien. Et celui de tous ceux qui peuvent se permettre le luxe de gagner leur vie de cette façon.
Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles,
Si c’est dans ton jardin à toi que tu les cueilles !
Puis, s’il advient d’un peu triompher, par hasard,
Ne pas être obligé d’en rien rendre à César,
Vis-à-vis de soi-même en garder le mérite,
Bref, dédaignant d’être le lierre parasite,
Lors même qu’on n’est pas le chêne ou le tilleul,
Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul !
Cyrano de Bergerac
Acte II – Scène VIII
Bravo Zoé ! Si juste, percutant et plein d’esprit.
Je reconnais tout à fait mon vécu, et j’ajoute qu’il y a eu un grand progrès à verser à la colonne de gauche ces dernières années: enfin l’accès à des formations pro payées autrement que de ta poche. Ça rouvre des horizons. NB: j’aime tout particulièrement ta dernière ligne 🙂
Oui Clémence c’est vrai que certaines formations pro sont maintenant financées par la MDA (avec nos sous, quand même) et que je n’en ai pas parlé…