Le télétravail, à la Réunion, c’est pas simple ! Les éléments s’emploient à nous divertir sans relâche. J’étais arrivée au milieu d’une éruption volcanique lors de mon premier voyage en août 2023, j’ai vécu un cyclone en février 2025. Selon la saison, un cortège de trucs plus ou moins rigolos vous accueillera sur l’île intense, du ballet de baleines aux nuées de moustiques porteurs du chikungunya.
En dehors de ces évènements périodiques, j’ai repéré quelques éléments permanents grâce à mes fines observations de voyageuse venue 2 fois :
- Des habitants ultra gaulés partout (tout le monde est kiné ou maitre-nageur et pratique au moins 3 sports de montagne ou d’eau vive).
- Un climat à la carte, très pratique. La température extérieure baisse d’un degré par kilomètre parcouru sur la route du volcan. Il fait 33° à Saint-Paul ? N’oublie pas ta polaire car, quand tu sortiras de ta voiture à Bourg-Murat, il fera 13°….
- Une faune et une flore en spectacle permanent. L’air chaud est saturé d’odeurs de frangipaniers et d’Ylang-Ylang. J’ai cueilli des mangues grosses comme des ballons de rugby, je me suis gavée de longanis et de pitayas (des fruits bizarres et délicieux), j’ai vu des fleurs fluos, des champignons géants, des araignées énormes : on se croirait dans une version tropicale de l’étoile mystérieuse. Les oiseaux se sentent clairement chez eux et nous le font savoir.
Les poissons et les autres animaux aussi aiment rappeler à l’homme que c’est lui qui vit chez eux et pas l’inverse.
Même les noms de rue sont exotiques, ici. Fi des Charles de Gaulle, Blanqui et autre Jaurès, je me promène rue « Elixène Delanux ». Qu’est-ce donc qu’Elixène Delanux ? Un homme ? Une femme ? Une star du X dévorée par un requin ? Un philosophe grec mort en exil ? Une célébrité malbar, zarabe ou cafre ? Mi koné pa.
Après enquête, le personnage s’avère beaucoup plus romanesque que prévu : Elixène Delanux était la cousine du poète Leconte de Lisle, né à Saint-Paul en 1818. Cette jeune femme, dont il était amoureux, mourut en couches avant ses 20 ans, inspirant un magnifique (et triste) poème au grand homme.
Ce poème, Le Manchy, décrit la forte impression que produisait sur le poète l’arrivée de sa cousine en chaise à porteurs quand elle descendait des hauts pour venir en ville. Voici les trois dernières strophes, reproduites sur la tombe de la jeune fille.
On voyait, au travers du rideau de batiste,
Tes boucles dorer l’oreiller,
Et, sous leurs cils mi-clos, feignant de sommeiller,
Tes beaux yeux de sombre améthyste.
Tu t’en venais ainsi, par ces matins si doux,
De la montagne à la grand’messe,
Dans ta grâce naïve et ta rose jeunesse,
Au pas rythmé de tes Hindous.
Maintenant, dans le sable aride de nos grèves,
Sous les chiendents, au bruit des mers,
Tu reposes parmi les morts qui me sont chers,
Ô charme de mes premiers rêves !
J’ai finalement pu me mettre à travailler grâce au cyclone Garance qui nous a confinés trois jours. Une fois le calme revenu, l’exploration de l’île intense a repris en direction du sud, quasi synonyme de Far West pour les réunionnais du nord. À nous deux, Piton de la Fournaise !
L’enclos Fouqué, rempart naturel du volcan, ne fait pas le tour complet du cratère : à chaque éruption, la lave coule sur les grandes pentes de l’Est, jusqu’au « grand brûlé », le bord de mer entièrement recouvert par les coulées successives. On devine l’ancienneté des coulées à la végétation qui les repeuple progressivement (chiendent, fougères puis arbustes). C’est là que se trouvent les tunnels de lave, anciens chenaux d’écoulement refroidis jusqu’à former des tubes souterrains de basalte vitrifiés, une splendeur.
Tout ceci est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO : impossible de rester insensible à ces paysages uniques au monde, à cette nature violente qui précipite les éléments les uns contre les autres.
Bref, vous l’avez compris, j’ai bien aimé cette Réunion, vive le télétravail.
Merci, ma chère Zoé, de nous avoir emmenés sur cette route menant au cratère du Piton de la Fournaise pour découvrir cette flore incroyable … Il faudra absolument qu’un jour je me décide à aller voir ma soeur Françoise qui habite à la Réunion avec quasiment toute sa famille.
Toujours une très belle plume et de bien jolis dessins !
Je t’embrasse fort,
Philippe
Oh oui, tu devrais vraiment y aller ! Mêmes les 11 heures d’avion sont sympa 🙂
Merci pour le voyage. C’est tentant.
Et bravo pour l’effort.
Amitiés.
Merci Véronique !
Alors, forcément j’adore ! J’adore voyager de cette façon, finalement c’est beaucoup moins risqué et tellement plus divertissant surtout quand c’est Zoé qui raconte ….
ah ah non, Pascale, il faut vraiment y aller.
Oh que je regrette d’être si vieille !
Sinon, je prendrais mon billet tout de suite !
Mais grâce à toi et à Axel, j’ai voyagé en rêve et en images .
Eblouissant, merci, ma Zoë !
Je t’embrasse, chère Odile ! Tu n’es pas si vieille, c’est l’île qui est très sportive.
Parfaitement résumé. Revenez quand vous voulez !
Attention à l’orthographe cependant : c’est une tourterelle peï bien entendu. Et une célébrité kaf ou zarab ( ou sinon en français malbaraise, cafrine ou zarabe).
Gros bisous
pfff j’ai encore du chemin à faire. Merci encore, sister !
Belle aventure avec Garance en prime et un carnet de voyage édifiant, parfumé et goûteux merci Zoé